Debrief Atelier Citoyen – Doit-on instaurer un droit à l’emploi et limiter le chômage dans le temps?

Notre atelier citoyen de la semaine était consacré à l’emploi. Plutôt que de donner une allocation sans limite de temps aux chômeurs de longue durée, n’est-il pas préférable de leur faire faire une activité socialement utile et de leur donner un salaire ? Est-ce que cela ne favoriserait pas mieux leur réinsertion sur le marché du travail ?

Nous avons expliqué les enjeux, présentés les arguments pour et contre. C’est maintenant l’heure du débrief !

Droit à l’emploi ou devoir de travailler ?

Le principe d’un droit à l’emploi est largement soutenu par les participants à notre atelier-citoyen. Ils sont nombreux à souligner qu’un travail, ce n’est pas simplement un moyen de gagner sa vie. C’est aussi un lieu de socialisation et de rencontre, une manière de se sentir reconnu et de contribuer au bien-être de tous. Cela donne le sentiment d’avoir une place dans la société. Un droit à l’emploi est dès lors essentiel pour favoriser l’insertion de tout le monde dans la société.

Quelques participants regrettent que l’on donne une place aussi importante au travail. Cela fait du travail un devoir alors que pour eux, nos sociétés sont assez riches pour que chacun puisse être à l’abri de la pauvreté, qu’il faudrait plutôt que chacun puisse choisir librement ce qu’il a envie de faire. Ce sont souvent les mêmes qui défendent une allocation universelle.

Un emploi pour tous, possible ?

D’autres participants remettent en question le droit à l’emploi parce que cela ne leur semble pas possible de garantir un emploi pour tous. A l’heure du numérique et de la robotisation, les emplois ne vont-ils pas devenir de plus en plus rares ? Et exiger des compétences de plus en plus importantes ? Comment dès lors prétendre sérieusement garantir un emploi à tout le monde ?

Et puis, est-ce le rôle de l’Etat de garantir l’accès à un emploi ? Ne ferait-il pas mieux de réduire le coût du travail, de lutter contre le dumping social, de soutenir ceux et celles qui veulent se lancer comme indépendant et, pour le reste, de laisser faire les entreprises et les associations ?

Mais pour beaucoup de participants, cela vaut la peine d’essayer quelque chose de nouveau, tout particulièrement dans le contexte actuel de crise où les entreprises risquent de proposer moins d’emplois. Au moins de lancer des projets pilotes à l’image des territoires zéro chômeurs en France où les autorités publiques, en partenariat avec les acteurs locaux, proposent des emplois à tous les chômeurs de longue durée.

Volontaire, le chômage ?

La question qui divise les participant est surtout celle de savoir si on doit ou non accepter l’emploi proposé. Et si on refuse, qu’est-ce qui se passe ? Perd-on ses allocations de chômage ?

Pour les uns, il est important que quelqu’un soit motivé à travailler et que le travail corresponde à ses aspirations. Le contraindre à accepter un job qui ne lui plaît pas signifie qu’il ne fera pas un travail de qualité et ce ne sera intéressant ni pour lui, ni pour l’employeur, ni pour les clients potentiels.

Mais pour d’autres, ce n’est pas normal que l’on puisse toucher le chômage sans limite dans le temps, alors que d’autres travaillent et que leurs impôts financent la sécurité sociale. Ils ont le sentiment que certains chômeurs de longue durée ne souhaitent tout simplement pas travailler, voire cumulent leur chômage avec un travail au noir. Que ces comportements soient répandus ou exceptionnels, le fait qu’ils soient possibles nuit fortement à la cohésion sociale et fragilise la solidarité. Au risque que fraude sociale et fraude fiscale se justifient mutuellement !

Eviter les abus ou mieux contrôler ?

Est-ce pour autant qu’il faut limiter les allocations dans le temps ? Ne faudrait-il pas plutôt s’assurer que le travail paie ? Parce que si certains ne veulent pas travailler, n’est-ce pas parce que, si on compte les trajets et la garde des enfants, cela leur rapporterait moins que le chômage ? Et si des abus existent, ne faudrait-il pas surtout renforcer les contrôles ? Après tout, cela créerait aussi des emplois !

Mais pour les autres participants, il vaut mieux prévenir les abus que de les sanctionner. Compter sur le contrôle est vain. Ou alors cela demanderait d’imposer à tout le monde des contraintes lourdes, d’accepter que des contrôleurs viennent faire intrusion dans notre vie privée. Ce serait cher, peu efficace et liberticide.

Ne pas généraliser

On le voit, le débat n’est pas simple. Mais il y aussi beaucoup de points sur lesquels les participants s’accordent. Par exemple sur le fait qu’il faut éviter de généraliser. Il y a plein de profils différents parmi les chômeurs de longue durée et il ne faut pas traiter de la même manière un chômeur âgé et un jeune. Que ce soit pour des raisons de santé ou de circonstances particulières, certains chômeurs ne sont sans doute tout simplement pas en capacité de travailler. Les envoyer purement et simplement au CPAS serait une très mauvaise idée pour eux, comme pour les communes. S’il est mieux soutenu, le secteur de l’économie sociale peut cependant offrir des perspectives à de nombreux chômeurs particulièrement vulnérables et leur permettrait de prendre des responsabilités tout en renforçant les liens de solidarités.

Trop tard ?

Autre consensus parmi les participants : s’intéresser aux chômeurs de longue durée, c’est bien, mais il faut surtout agir en amont et favoriser un retour rapide à l’emploi. Or aujourd’hui, les mécanismes d’aide à l’emploi paraissent parfois contreproductifs, comme lorsque le chômage devient un passage obligé pour qu’un employeur puisse bénéficier d’un subside à l’embauche.

Pour les participants, s’il est vrai qu’il y a beaucoup de chômeurs, il y aussi beaucoup d’emplois inoccupés. Le problème est surtout celui de l’inadéquation entre la formation des demandeurs d’emplois et les compétences demandées. Renforcer la formation offerte aux demandeurs d’emploi, notamment la formation en entreprise, valoriser l’enseignement et les métiers techniques, s’assurer que l’offre de formation corresponde aux besoins du marché de l’emploi, renforcer l’attractivité des métiers en pénurie… Ce ne sont pas des solutions miracles et beaucoup sont déjà faits, mais le droit à l’emploi cela commence par-là !

A vous de jouer !

Notre atelier-citoyen a permis de mettre en évidence les multiples dimensions de ce débat complexe. Mais il est loin d’être terminé. Nous avons besoin de vous pour nous aider à le trancher. Pendant plusieurs semaines encore, vous pouvez nous donner venir argumenter et votre sur notre plateforme ilferabeaudemain.team. Votre avis importe.

Ensemble, construisons un mouvement positif.