Faire de la politique autrement : la course aux réseaux

On le savait déjà, les réseaux sociaux ont joué un rôle important durant la campagne électorale de 2019. Tout le monde, ou presque, a été la cible de publicités des partis ou personnalités politiques, que ce soit en Wallonie ou en Flandre. Mais les réseaux sociaux changent vite, il faut s’adapter rapidement. En seulement deux ans, des petits nouveaux ont déjà fait leur apparition dans le paysage de la communication politique. La course aux vues, aux likes et aux partages est donc encore renforcée avec l’arrivée des politiques sur Twitch et TikTok. On vous dit tout sur ces deux plateformes.
Facebook, c’est démodé. La génération Z (1995–2010) désinvestit l’un des premiers réseaux sociaux pour d’autres contrées numériques. Snapchat et Instagram restent à la mode, mais sont maintenant en concurrence avec Twitch et TikTok.
Le premier est à la base un réseau social rassemblant des amateurs de jeux vidéo qui diffusent leurs parties en live. Mais petit à petit, avec le confinement, Twitch devient un excellent moyen pour les politiques de communiquer avec les citoyens cloîtrés chez eux. On s’adresse donc à un public jeune, un peu geek, sans filtre et sous forme de questions/réponses.
Le second, TikTok, est une application de partage de vidéos. L’application permet de créer des vidéos courtes sur fond musical et de reproduire des tendances ou des challenges. Chorégraphie, sketch ou simple vidéo, il y en a pour tous les goûts. Très populaire auprès de 14–24 ans, les politiques s’invitent sur le réseau pour toucher ce public.
Et cela, certains l’ont bien compris. Vous avez peut-être vu passer des articles sur ces dirigeants politiques qui investissent TikTok et Twitch. Emmanuel Macron, Elio Di Rupo ou encore le Vlaams Belang se prêtent déjà au jeu des vidéos TikTok, tandis que Paul Magnette et François Hollande répondent aux questions en live sur Twitch.
Pour Il fera beau demain et notre futur mouvement, nous voulons essayer une autre méthode : laisser la place aux jeunes pour parler aux jeunes. Nous avons donc fait appel à Ismaël, notre génie en herbe de ces nouveaux médias.
A 21 ans, Ismaël connaît déjà bien les deux plateformes et leurs codes. Depuis plusieurs années, il alimente Twitch et TikTok avec des vidéos et sera bientôt un des visages du mouvement sur les deux réseaux sociaux. Mais qu’est-ce qui fait que ces applications fonctionnent aussi bien chez les jeunes ? « Sur Twitch, on commence à faire des lives parce qu’on a une passion, parce qu’il y a un sujet qui nous intéresse », explique Ismaël. « Ce que j’aime bien avec cette plateforme c’est qu’on part souvent d’un truc qu’on fait seul dans sa chambre, comme les jeux vidéo par exemple, et qu’on peut ainsi partager avec tout le monde. Par exemple dans mon cas, j’aime parler de politique, je le fais avec mes amis parfois, mais pourquoi pas ouvrir le cercle aux autres utilisateurs de Twitch ? ». Sur TikTok, la mécanique est différente : « Ce qui prime, c’est plutôt l’inventivité, la créativité. Personnellement j’aime bien vulgariser la politique. Donc j’essaye de le faire en 1 minute dans un format un peu décalé qui allège le sujet. »
Notre Tiktoker et streamer en herbe a plusieurs objectifs sur ces plateformes : parler simplement de politique, la vulgariser et la rendre accessible au jeune public. « Ma méthode c’est de regarder les actualités du moment, voir si ça parle aux gens et essayer de la décrypter, d’en débattre et d’avoir leur avis. C’est un peu de l’éducation permanente tout en faisant de la politique citoyenne. Le mieux, c’est quand je me rends compte que des amis, qui ne sont pas intéressés par la politique, me demandent quand je refais un live ou des vidéos. Ça montre que ça fonctionne et que ça intéresse quand même les gens ».
Pour Ismaël, la présence d’Il fera beau demain sur Twitch et TikTok est primordiale : « Ces plateformes parlent actuellement aux jeunes, parfois même aux très jeunes. On sait que les moins de 30 ans ne regardent plus vraiment la télé et les journaux, donc ça nous permet de leur parler, d’avoir des canaux de discussion avec eux. Ils sont également beaucoup moins sur des réseaux pionniers comme Facebook, c’est pour cela qu’il est important qu’on diversifie nos formats. Cela nous permettra de parler aux jeunes et de communiquer avec eux sans filtre, sans l’intermédiaire de médias et de leur dire ce qu’on a envie de leur dire ». De plus, TikTok et Twitch pourraient être une vitrine pour nos visages jeunes qui ne sont pas encore intégrés et invités dans le monde des médias traditionnels.
Mais est-ce que les politiques ont vraiment leur place sur des réseaux qui comptent un bon nombre d’utilisateurs très jeunes ? « C’est un grand oui pour moi ! » clame Ismaël. « Ces plateformes sont là pour le divertissement, comme l’a été Facebook ou Instagram à la base. Ce n’est pas dédié à la politique, mais s’il y a quelque chose dont je suis convaincu, c’est que la politique fait partie de toute la société, est partout dans la société. Quand vous travaillez, la politique sera les impôts que vous payez, le bien-être au travail. La politique influence aussi notre éducation et bien d’autres aspects de notre vie. Donc je pense que dire qu’une application devrait être complétement vierge de toute politique, ça veut donc dire qu’on ne peut pas y parler de notre société, de ce qu’on vit. La politique a sa place partout car c’est la manière dont on régit notre société, le vivre-ensemble. Et s’il y a un endroit où on ne peut pas parler de vivre-ensemble, alors cet endroit n’est peut-être pas bien géré ». Il faut savoir aussi que TikTok interdit la publicité politique sur sa plateforme et qu’il n’est pas possible de sponsoriser un live sur Twitch. Une manière peut-être de permettre aux jeunes consommateurs de ne pas être spectateurs d’un contenu à leur insu.
Vous pourrez bientôt découvrir le futur mouvement sur ces deux plateformes, devenues à la mode dans le monde politique.