Il fera beau demain : UN AN APRÈS

Il y a un peu plus d’un an, vous avez lancé un nouveau mouvement, une refondation du parti. Qu’est-ce que vous retenez après cette année écoulée ?
Maxime Prévot : Je retiens deux choses. Deux choses qui ne sont pas contradictoires. La première, c’est que les citoyens ont un grand appétit pour le renouveau, une vraie soif de pouvoir quitter les carcans politiques tels qu’on les connaît aujourd’hui. Les citoyens sont en désamour total pour la politique. Ce n’est pas nouveau, mais on voit de plus en plus une aspiration à ne plus faire son shopping entre les différents partis, mais une volonté de se prendre en main, de se prendre en charge et de construire eux-mêmes une nouvelle offre politique. Et notre mouvement arrive à générer et à structurer cette attente d’une politique nouvelle.
La deuxième, c’est la grande frustration de ne pas avoir pu se voir, se rencontrer pour discuter de demain. Alors certes, le virtuel a pallié ce manque, mais seulement par effet placebo. Les cerveaux ont continué à fonctionner en interne, à offrir des activités de qualité. Pour moi, l’essentiel, c’est de ne pas avoir qu’une réflexion de beaux cerveaux, mais une vraie dynamique populaire, qui génère de l’adhésion, qui est apprivoisée par un grand nombre de personnes. C’est donc frustrant pour le moment, mais prometteur pour la suite.
Laurent de Briey : Comme l’a dit Maxime, on peut parler de grande réussite et de grand regret pour cette année écoulée. Une réussite car on a pu faire rayonner le mouvement au-delà du cercle cdH. On a autant un public de militants, d’humanistes qu’un public extérieur. On en a fait un réel lieu de dialogue. Le regret, c’est de ne pas pouvoir faire ce qui a été prévu sur le terrain afin de toucher plus largement et d’être réellement dans un processus participatif et inclusif comme on l’avait imaginé. C’est pourquoi on prolonge le processus et on remet de l’énergie dedans. Le plus important aujourd’hui, c’est de se donner du temps pour être à la hauteur de nos ambitions.
Il fera beau demain est pour vous une réponse à la crise que nous vivons actuellement ?
Laurent de Briey : Je pense que c’est même une réponse aux crises que nous vivons, pas seulement à la crise sanitaire. La pandémie est juste venue renforcer le constat que nous avions déjà fait en créant le mouvement. Il y a plusieurs crises dans notre société : politique, sociale, écologique, économique…
La société aujourd’hui a besoin d’un nouvel élan. Nous devons changer de modèle pour pouvoir répondre au défi du vieillissement, au réchauffement climatique, à la perte de cohésion et à la montée du populisme par exemple. La crise sanitaire n’a fait que souligner toutes les failles déjà apparentes avant. Toutes ces crises s’additionnent. On ne peut pas se permettre d’y répondre les unes après les autres. Il faut trouver des solutions qui soient à l’intersection de ces différentes crises. Et c’est cette imagination que le processus va permettre de faire émerger.
Maxime Prévot : Les crises sont plurielles, il n’y a pas une clé magique qui ouvre la solution. C’est pourquoi le futur mouvement ne doit pas s’appuyer que sur des projets concrets, mais il doit aussi incarner des valeurs. Car ces dernières, par essence, ont une portée transversale et sont le ferment qui permet d’appuyer une stratégie, qui à terme, apportera une réponse à ces différents projets. C’est typiquement la vocation du futur manifeste du mouvement, avec une colonne vertébrale et vertueuse qui soit comprise par le plus grand nombre et à laquelle un maximum de gens puissent adhérer. C’est à partir de cela qu’ensemble, on pourra trouver ou co-construire les réponses concrètes à ces crises.
Le côté participatif d’Il fera beau demain a dû être adapté face à la situation sanitaire. Tout se passe via un écran. Quels sont les prochains grands événements que le mouvement proposera ?
Maxime Prévot : Le prochain grand événement devrait avoir lieu début septembre. Aujourd’hui, on est encore dans une période où la pandémie reste le problème principal, où le cerveau des gens est encombré par leur vécu quotidien, les difficultés qu’ils rencontrent dans leur secteur professionnel, la préoccupation de la vaccination. Il y a donc peu d’espace libre pour réellement se préoccuper de la mue d’un parti politique. On postule donc qu’après l’été, on aura passé le cap avec une vaccination plus massive, un retour à une vie plus sereine qui offrira une nouvelle part d’attention. On a donc dans l’idée de faire un « reboost » en septembre pour les derniers mois avant la fin en janvier.
Laurent de Briey : A ce moment-là, ce sera l’occasion de faire le point de ce qu’on a emmagasiné tout au long du processus. On définira également la direction vers laquelle on veut aller et s’accorder sur les valeurs qu’on voudra porter avec ce mouvement.
On répondra aux questions « qui voulons-nous être ? », « quelles sont les valeurs principales que nous voulons porter ? ». Ce sera aussi l’occasion de recréer une énergie. On est convaincu qu’il ne suffira pas de reprendre le processus, mais qu’il faudra un nouveau départ pour entamer une campagne courte et intense jusque début 2022. A ce moment-là, on fera du présentiel, on sera sur le terrain. On organisera partout des débats avec les citoyens, les militants, les gens intéressés. Cela promet donc une période riche de rencontres citoyennes et de dialogues.
Lorsque la situation sanitaire le permettra, vous comptez réunir toutes les personnes qui ont participé au processus ?
Laurent de Briey : On verra ce qui sera permis en septembre. Mais l’idée est d’un événement ouvert à tous, ou bien plusieurs évènements décentralisés dans chaque province. La convention finale du processus en janvier sera également ouverte à tous, non-militants et militants.
Maxime Prévot : L’avènement d’un nouveau mouvement est un fait majeur dans le paysage politique. Et ça doit être aussi et peut-être avant tout une fête. C’est un peu comme une remise de diplôme : à la fois l’aboutissement d’un parcours et le début d’une nouvelle aventure. C’est autant l’un que l’autre que nous célébrerons. Sans chercher à renier ce que nous avons été, mais en ressortant enrichis du dialogue avec les citoyens afin de porter et d’apporter un nouvel espoir pour les gens. Donc oui, toutes les personnes qui auront été les éléments de l’engrenage seront associées à cette fête.
Quel est le rôle des militants et des citoyens dans les prochains mois ?
Laurent de Briey : Tous les évènements vont être organisés localement.
Tous ceux qui souhaitent organiser des événements peuvent le faire. Je dirais donc que leur premier rôle c’est de prendre la parole, d’entrer en dialogue. Soit en tendant la main et en organisant des activités, soit en saisissant la main qui est tendue et en participant aux activités afin de faire émerger un projet collectif commun. Notre ambition, c’est surtout de recréer un climat constructif et positif. Quand on voit encore le champ politique actuel où les personnes en charge sont incapables de faire preuve de responsabilité collective, on comprend pourquoi les mesures sanitaires suscitent des colères, des sentiments d’inefficacité. Je pense que le message d’Il fera beau demain est un message qui se veut fondamentalement positif, qui veut rendre confiance dans le politique, dans l’avenir, c’est ça dont on a besoin. Et donc, on a besoin de militants et de citoyens qui ont envie de s’inscrire dans une vision constructive, qui ont envie de se dire que l’avenir est ouvert et qu’il peut être réinventé.
Maxime Prévot : Inévitablement, on ne sait jamais se mettre en mouvement seul, pas si on veut aller loin. A un moment donné, l’énergie d’un mouvement doit trouver sa source dans plusieurs moteurs. Si on est seul, tôt ou tard, c’est la panne sèche. Je demande donc aux militants de ne pas regarder ce processus depuis le balcon, mais d’être également des sources d’énergie pour cette dynamique inédite. Je comprends qu’il intrigue, car on sait potentiellement ce qu’on ne sera plus : le cdH. Mais on ne sait pas encore ce qu’on sera. Ces inquiétudes ne doivent pas anesthésier. Elles doivent au contraire être vues comme une formidable main tendue pour le militant qui retrouve les prérogatives de co-construction d’un nouveau projet. Et donc toutes ces énergies doivent être mobilisées pour se transformer en force.
Une idée du nouveau nom du parti ?
Maxime Prévot : Pas encore, mais il est prévu que celles et ceux qui ont des idées à cet égard puissent les communiquer. Il est évident qu’un nouveau nom ne s’improvise pas sur un coin de table. On va faire appel à des bureaux spécialisés, mais pas uniquement. Car pour nous, le vécu de terrain, le ressenti de chacun peut être une remarquable source inspiratrice et créative.
Laurent de Briey : Un nom, ce n’est pas juste des lettres, ce n’est pas juste un mot. Ça exprime des valeurs, un projet, une vision, une aspiration. Inviter chacune et chacun à proposer un nouveau nom, c’est donc une manière simple de consulter tous ceux qui le souhaitent sur la direction qu’ils ont envie de voir prendre le mouvement. Nous avions déjà récolté toute une première série de propositions il y a un an et demi. Ce sera intéressant de voir si les tendances restent les mêmes ou si de nouvelles idées émergent.